Le poids des transports dans le budget : le point de vue de Stéphane Loubié

Stéphane Loubié est docteur en géographie et aménagement de l’espace, spécialisé dans les mobilités, et chercheur associé au laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier (LAGAM-UM3).

Les déplacements des Héraultais en chiffres

« Tout d’abord quelques chiffres pour se rendre compte des déplacements des Héraultais :

Dans l’Hérault, on a 59 % des déplacements qui se font en voiture, ce qui est encore plus fort dans le périurbain puisqu’on monte à 65 %.

30% des Héraultais utilisent le vélo occasionnellement, et parmi eux 5% utilisent le vélo tous les jours pour les déplacements quotidiens. On sait aussi que 29 % des déplacements de proximité se font à pied. »

Une évolution dans les usages

« On a constaté une grosse évolution des moyens de se déplacer avant/après covid : le taux de demandes d’aide pour l’achat d’un vélo électrique a bondi ; le covoiturage aussi est en forte hausse, on voit que les 20 aires de covoiturage du Département sont de plus en plus occupées. La hausse du prix du carburant explique aussi certainement cette évolution.

Ce contexte économique particulier est dommageable pour les ménages, mais il est également un levier très fort pour renforcer les usages de mobilité durable et faire basculer les changements de comportement. Au Département, ce que l’on cherche c’est pérenniser ces comportements. »

Le coût de la voiture dans le budget d’un ménage

« La voiture se paye cher : en moyenne, 7 000 € par an ! Pour les trajets domicile-travail mais aussi loisirs. Ce coût comprend l’achat, l’assurance, les contrôles techniques, l’entretien, et le carburant. Dans ce coût, le carburant ne représente que 35 %, et c’est pourtant ce que l’usager voit en premier.

On estime qu’un automobiliste qui habite à 30 km de son travail va dépenser 2 000 € /an en carburant, uniquement pour les trajets domicile-travail.

Ce coût des transports, même s’il est variable selon les véhicules, correspond à 10 à 12 % du budget d’un ménage.

Donc là on a vraiment un gisement d’économie potentiel, notamment si on va covoiturer, si on utilise des dispositifs alternatifs.

Comment faire des économies sur son budget transport

« Pour aller au travail, on peut favoriser le covoiturage. Et s’appuyer sur les aires de covoiturage mises en place par le Département. On sait qu’en covoiturant tous les jours pour ses trajets domicile-travail, on économise sur le carburant, l'entretien du véhicule... Même en ne covoiturant que quelques jours par semaine, on réalise des économies sur le carburant et sur l’entretien.

Ensuite, on peut marcher et utiliser un vélo.

On sait aujourd’hui que sur les très faibles distances, entre 0 et 3 km, on a tendance à prendre la voiture, alors que sur cette distance-là le vélo est pertinent. On sait aussi que sur les très faibles distances entre 0 et 1 km, autrement dit pour aller chercher votre baguette de pain, on prend la voiture aussi, alors qu’ici la marche à pied est pertinente.

Le vélo est pertinent jusqu’à 9 km. Ça représente une trentaine de minutes pour un cycliste moyen, avec un vélo traditionnel. Quand on a un vélo électrique, on peut aller jusqu’à15 km en fournissant un effort moyen.

L’achat d’un vélo électrique peut être rentabilisé rapidement. D’autant que l’usager a des aides pour cet achat : l’aide du Département, cumulable avec les aides de l’État, de la Région, et de la Métropole de Montpellier pour ceux qui y vivent. Dans l’Hérault, les communautés de communes, via le Département, prêtent également des vélos à assistance électrique aux habitants.

Pédaler c’est aussi un gain pour sa santé et sa contribution à la réduction des effets de serre ! »

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